La participation à la vie politique municipale chez les aînés vivant en périphérie de Montréal

Par Salomé Vallette, étudiante au doctorat en études urbaines à l’INRS
Juin 2020

*Cette nouvelle rubrique a comme objectif de mettre en lumière les projets de mémoire et de thèse d’étudiantes et étudiants qui s’intéressent aux enjeux urbains. Illustrés, ces articles abordent les questions qui les préoccupent, la méthodologie utilisée et dévoilent, le cas échéant, leurs résultats de recherche.

Contexte et question de recherche

L’urbanisme vieillissant des banlieues et le vieillissement d’une frange de leur population ne sont pas sans poser de problèmes : ces milieux urbains ne sont pas toujours bien adaptés au vieillissement de la population. En effet, certaines caractéristiques de l’environnement urbain tendent à réduire la qualité de vie des résidents âgés. D’ailleurs, plusieurs municipalités de banlieue ont été pensées en fonction du transport automobile, ce qui convient aux jeunes familles, mais peut être beaucoup moins adapté aux réalités des personnes âgées. La disponibilité du transport collectif, la proximité des centres de santé, la distance entre le domicile des aînés et les commerces essentiels (épiceries, pharmacies, etc.) sont autant de défis qui attendent les municipalités en périphérie des villes centres.

L’Organisation mondiale de la Santé a ainsi instauré le programme Ville amie des aînés, visant à développer des communautés urbaines favorables aux besoins des aînés et que plusieurs pays ou territoires ont adopté. Au Québec, le programme connu sous le nom de Municipalités amies des aînés (MADA), encourage la participation active des personnes âgées dans leur municipalité tout en souhaitant créer une société pour tous les âges. L’objectif du programme est de positionner le vieillissement dans un processus positif incitant à la participation et l’implication, des aînés, dans leur communauté.

Cependant, ce programme est également critiqué. Il tend à créer une injonction à la participation et à l’engagement des aînés tout en générant une image de bon citoyen, qui contribue à la société sans devenir un poids économique. Il insiste également sur l’idée que les aînés ont peu de besoins spéciaux. Dans ce contexte, certains chercheurs de la gérontologie critique questionnent les idées préconçues du vieillissement. Ils déplorent que les études en gérontologie et en santé publique soutiennent des modèles de vieillissement, qui mettent l’accent sur l’activité, la mobilité et la productivité, comme moyens sains et souhaitables de vieillir. Les études s’inscrivant au sein de la gérontologie critique permettent plutôt de comprendre les tensions entre l’individuel et le social, entre les inégalités structurelles, les construits socioculturels et les interprétations subjectives du vieillissement.

Ainsi, les limites du modèle du vieillissement actif laissent penser que l’expérience qu’ont les aînés de leur environnement urbain quotidien n’est pas adéquatement prise en considération et que la représentation du vieillissement, véhiculée par le programme MADA, tend à faire de l’aîné une personne engagée socialement et politiquement. L’absence de prise en compte de l’expérience qu’ont les aînés des services municipaux et de leur ville au quotidien ainsi que la promotion du bon citoyen aîné par le programme MADA soulèvent quelques contradictions, au regard notamment des travaux sur la participation à la vie politique des aînés à l’échelle municipale. En effet, plus un électeur vieillit, plus il sera susceptible de voter. Néanmoins, le comportement politique individuel à l’échelle municipale (participation électorale et autres formes d’engagement) demeure insuffisamment documenté. Les rares études portant sur la question mettent de l’avant que la taille de la municipalité et l’expérience urbaine, c’est-à-dire l’utilisation des services municipaux, pourraient constituer des facteurs influençant la participation électorale. Certaines analyses mettent en évidence que le contexte de la municipalité (banlieue versus ville centre) pourrait influencer les choix des électeurs, notamment à l’échelle municipale. Les aînés sont également autant susceptibles que les plus jeunes de faire appel à des moyens de contestations, de mobilisation, de pétitions ou de manifestations pour contester des actions politique ou se positionner sur certains enjeux.

Ces constats portent notre étude qui cherche à comprendre si, au Québec, l’expérience qu’ont les aînés de leur ville affecte leur participation à la vie politique municipale.

Méthodologie 

Notre collecte de données se déroule dans deux villes de taille moyenne, situées en périphérie de Montréal, Saint-Jean-sur-Richelieu et Saint-Eustache. Nous effectuons actuellement des groupes de discussion, avec des personnes âgées entre 65 et 84 ans, puis nous réalisons des entretiens individuels semi-dirigés, auprès des aînés ayant participé aux groupes de discussion.

Les groupes de discussion permettront d’obtenir une vision collective de la qualité des services municipaux ainsi que de leur rapport à la participation politique à l’échelle municipale. Les entretiens individuels, eux, viseront à comprendre l’utilisation des services municipaux et à obtenir les histoires de participation politique de nos participants.

Résultats

Enquêtes de terrain en cours – cette section sera mise à jour en décembre 2020.

Numéro de certificat éthique : CER- 19-515