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Rencontre avec Catherine Gingras, conseillère en aménagement à l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal

Par Camille Gélix, étudiante M.Sc stagiaire au réseau Villes Régions Monde

Décembre 2019

 

Catherine Gingras, a complété un doctorat en études urbaines à l’INRS. Ayant accumulé de l’expérience en recherche, mais aussi dans le secteur privé et municipal, elle nous parle de son parcours, son emploi et son environnement quotidien.

 

Pouvez-vous me parler brièvement de votre parcours  scolaire et professionnel? Quelles ont été les étapes qui vous ont permis d’œuvrer à titre de conseillère en aménagement ?

 

J’ai un bac en architecture à l’Université de Laval. J’avais bien aimé les cours sur le cadre bâti urbain, et j’ai vu qu’il y avait un programme de maîtrise en urbanisme qui se donnait à Montréal, j’ai donc choisi d’y déménager. J’ai eu l’opportunité d’être assistante de recherche à l’Université de Montréal, et j’ai beaucoup aimé cette première expérience en recherche. C’est à ce moment que j’ai décidé de continuer mon parcours universitaire jusqu’au doctorat. J’ai commencé un projet de doctorat sur le périurbain, mais finalement je me suis rendu compte que ça ne m’intéressait pas vraiment. Puis j’ai rencontré Jean-Pierre Collin, un professeur qui travaillait sur la gouvernance et plusieurs autres sujets très variés. Il était en fin de carrière, et il avait pour ambition d’écrire un livre sur Montréal. Depuis la maîtrise, je souhaitais secrètement faire quelque chose en lien avec la musique indépendante à Montréal, et cette thématique s’insérait bien dans le projet de ce professeur, c’est donc devenu mon projet de doctorat!

Durant cette période, j’ai aussi eu l’opportunité de commencer à travailler à temps partiel au sein du comité consultatif d’urbanisme de l’Arrondissement du Plateau-Mont-Royal. J’étais secrétaire, j’assistais à toutes les rencontres et préparais les ordres du jour et les comptes rendus. C’est comme ça que j’ai mis les pieds pour la première fois à l’arrondissementIl y a avait des architectes et des urbanistes  qui y présentaient des dossiers, et c’est à ce moment que j’ai pris connaissance de la façon dont différents projets étaient évalués par les professionnels de l’arrondissement et le comité.

La combinaison architecture/urbanisme me semble quelque chose de très important, qui me tient à cœur, et c’est très présent dans la pratique au Plateau. Cette première expérience s’est bien déroulée, et on a bien travaillé ensemble avec l’équipe d’architecture et d’urbanisme. Au cours de mon mandat comme secrétaire, un urbaniste devait partir pour un congé et je l’ai remplacé pour cette période courte.

Suite à ce court mandat, j’ai travaillé dans le secteur privé quelques mois, en accompagnement de promoteurs, c’est-à-dire des gens qui s’adressent à la Ville pour obtenir des autorisations ou des dérogations. Après ces quelques mois, je suis retournée à l’arrondissement lorsqu’un poste s’est libéré.

 

Selon vous quels sont les avantages et les inconvénients de votre métier ?

 

Je dirais que j’aime travailler sur des mandats très variés. Certains touchent plutôt à l’architecture et au patrimoine, des éléments qui sont très importants sur le Plateau. Il y a une volonté de préserver l’apparence d’origine des bâtiments, donc il y a une connaissance de l’architecture traditionnelle qui est importante. Il y a aussi les projets de développement réglementaires. Ces mandats viennent des élus où d’enjeux qui sont constatés par l’administration. Récemment, j’ai travaillé sur la révision du Règlement sur les plans d’implantation et d’intégration architecturale (PIIA), où on devait reformuler les critères qualitatifs qui servent à encadrer l’architecture des agrandissements et des nouvelles constructions. Ce type de mandat demande de se renouveler constamment, de se tenir au courant des bonnes pratiques ici et ailleurs.

En ce qui concerne les inconvénients : je dirais l’impression de manquer de moyens pour tout faire. Il y a des contraintes matérielles et financières, et il faut parfois accepter d’avancer à petits pas, sur le long terme. Différemment des projets universitaires, on travaille aussi dans un cadre réglementaire et politique bien précis, les lois sur l’aménagement et l’urbanisme ou les compétences municipales nous donnent certains pouvoirs de réglementer et pas d’autres. En fait, ce n’est pas forcément un inconvénient, mais c’est la réalité du contexte. Ça amène à développer son esprit de stratégie et d’innovation pour réaliser ce qu’on veut. Définitivement une adaptation par rapport au milieu universitaire!

 

Les mandats sont variés, changez-vous aussi de lieu de travail, d’équipe, d’horaires ou tout reste fixe ?

 

J’ai un horaire de bureau assez classique, même s’il est assez flexible. Ce n’est pas nécessairement du 8 à 4, mais c’est tout de même un nombre d’heures déterminées par semaines. Un environnement de bureau aussi assez classique, mais des fois on fait des sorties terrain. Par exemple, nous avons récemment arpenté la rue Saint-Denis pour analyser le paysage, le dynamisme et rencontrer les acteurs commerciaux. Nous cherchions des pistes de solutions pour contribuer à revitaliser l’artère, outre des projets comme le nouveau « réseau express vélo » déjà annoncé par la Ville. L’équipe de ma division est composée de 2 architectes, 4 conseillers en aménagement et un conseiller en planification.  Selon les mandats, je ne travaille pas nécessairement avec les mêmes personnes dans l’équipe et je suis parfois appelée à collaborer avec d’autres divisions. Parmi les autres avantages de mon emploi, je dirais aussi le dynamisme et le fait que les mandats sont variés et changent constamment.

 

Comment faites-vous pour rester au fait des actualités dans votre domaine et comment imaginez-vous votre secteur dans les dix prochaines années ?

 

À Montréal, tous les arrondissements sont différents les uns des autres. Il faut donc  regarder ce qui se fait ailleurs, en parlant à des collègues ou en étant attentif à l’actualité. Les contextes sont différents, mais on peut apprendre des autres et s’ajuster, s’inspirer. Il y a aussi plusieurs consultations publiques qui ont lieu à Montréal et lors desquelles ont peut apprendre beaucoup de choses sur une variété d’enjeux et de milieux. Il y a la Relève en urbanisme aussi et la revue Urbanité à laquelle j’ai d’ailleurs contribué pour la direction d’un numéro paru à l’automne 2018. Enfin, l’Ordre des urbanistes organise aussi beaucoup d’événements.

 

Dans le cadre de votre travail, êtes-vous amené à voyager pour voir ce qu’il se passe ailleurs ?

 

Dans le cadre du travail non, ce n’est pas arrivé encore, mais il y a l’Association des urbanistes et aménagistes municipaux du Québec (AUAMQ) qui organise des voyages. J’ai des collègues qui sont allés à Philadelphie pour y rencontrer des professionnels du domaine. Quand ce n’est pas possible, on peut lire sur ce qui se fait à l’étranger. On peut aussi organiser des conversations téléphoniques, ce qui étonnamment peut se faire assez facilement, les gens sont généralement très ouverts à partager leur expérience lorsqu’on leur demande.