Profil pro

Rencontre avec Philippe Rivet, conseiller en recherche à la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM)

Par Salomé Vallette, étudiante au doctorat en études urbaines (INRS)

Profil Pro propose des entrevues réalisées avec un collaborateur ou une collaboratrice des milieux de pratique. Projet pensé par Camille Gélix, ancienne étudiante membre de VRM, l’objectif est de faire connaître les métiers en lien avec les études urbaines et de mettre en valeur des parcours académiques et professionnels variés.

Est-ce que vous pouvez nous parler de votre parcours scolaire et professionnel et quelles ont été les étapes qui vous ont permis d’œuvrer au sein de la CMM ?

 

J’ai complété un baccalauréat en géographie à l’UQÀM où je me suis spécialisé en géographie urbaine. J’étais particulièrement intéressé par l’organisation spatiale et les différentes dynamiques urbaines et métropolitaines. Suite à mon baccalauréat, j’ai travaillé quelques mois pour le service de la modélisation du ministère des Transports,puis j’ai effectué un stage professionnel de quelques mois à Lima, dans un OBNL voué à la planification urbaine, avant de poursuivre à la maîtrise en études urbaines à l’INRS. J’ai vite commencé à travailler avec Mario Polèse, maintenant professeur émérite, sur différents projets de recherche liés à l’économie urbaine et régionale. J’ai intégré un groupe de recherche, qui était un partenariat entre l’INRS, l’Université Autonome de Puebla, et le CESDER, un organisme de développement régional mexicain. Au sein de ce groupe de recherche, j’ai travaillé sur différents projets, notamment dans le cadre de mon mémoire de maîtrise. Ce dernier portait sur l’impact des envois de fonds des migrants sur le développement économique local de municipalités marginalisées du Mexique. Ce fut une expérience très enrichissante qui m’a permis de travailler avec différents experts, professeurs, chercheurs, tant canadiens que mexicains, et de travailler quelques mois sur le terrain au Mexique. Une fois ma maîtrise complétée, j’ai obtenu un emploi comme assistant de recherche à temps plein à l’INRS. J’ai collaboré principalement avec Jean-Pierre Collin, Mario Polèse, André Lemelin et Philippe Apparicio, sur différents projets nécessitant une bonne connaissance des méthodes quantitatives et de l’analyse spatiale.

En 2006, après deux ans comme assistants de recherche à l’INRS, j’ai obtenu un poste à la Communauté métropolitaine de Montréal, comme analyste en statistiques métropolitaines. C’était un nouveau poste, où tout était à construire, puisque la CMM était un organisme relativement jeune, qui avait été créé en 2001. Dès le départ, j’ai travaillé avec les différentes équipes de la CMM pour la mise sur pied de l’Observatoire Grand Montréal. L’Observatoire Grand Montréal est la plateforme de la CMM vouée à la diffusion de bulletins de recherche, de données statistiques et d’outils de suivi du développement de la région métropolitaine. Je suis aujourd’hui conseiller en recherche et responsable de l’Observatoire Grand Montréal de la CMM et j’appuie la planification et la prise de décision dans l’organisation, tout en voyant au rayonnement de la CMM en matière d’étude métropolitaine et de monitoring portant sur le développement du Grand Montréal. C’est là que j’en suis aujourd’hui !

 

Quels sont les aspects que vous aimez le plus de votre travail et est-ce que vous rencontrez certaines limites ?

 

C’est un travail qui est très diversifié sur le plan intellectuel. Un de mes rôles, c’est de monitorer le développement de la région métropolitaine de Montréal et d’appuyer les exercices de planification de la CMM sur la base de mon expertise et sur les données les plus probantes. Cela demande notamment une bonne connaissance des enjeux métropolitains et une bonne connaissance des différentes sources de données pouvant être utilisées à l’échelle métropolitaine et intra-métropolitaine (les villes, les quartiers, etc.). Je travaille au suivi d’enjeux et de thématiques aussi variés que l’étalement urbain, la densification, le logement social et abordable, le transport actif et collectif, la canopée, les aires protégées, etc. Je travaille conjointement avec nos aménagistes, nos biologistes, ou notre ingénieur forestier, par exemple.

Mes responsabilités me permettent de travailler sur un grand nombre d’enjeux métropolitains, ce qui est très très stimulant!

Enfin, je dirai que c’est un travail qui demande de rester à l’affût, de suivre de près les enjeux métropolitains ; ce qui se fait ici et ailleurs, ainsi que les nouvelles sources d’informations et de données. Et puis, il faut être en mesure de s’appuyer sur la grande expertise de nos différents spécialistes à l’interne, notamment pour les volets géomatique et informatique. On a vraiment une bonne équipe à la CMM, sur qui on peut toujours s’appuyer pour surpasser nos limites.

Comment est-ce que vous faites pour demeurer au fait des actualités dans votre domaine?

 

Pour demeurer au courant des actualités, c’est important d’établir un bon réseau de contacts parmi les différents organismes partenaires, qu’ils s’agissent des municipalités, des MRC, des ministères, ou d’organismes comme l’ISQ, Statistiques Canada, la SCHL, l’ARTM (l’Autorité régionale de transport métropolitain) ou les directions régionales de santé publique, par exemple.

C’est aussi important de continuer à suivre ce qui se fait au niveau universitaire, au Québec comme ailleurs. En particulier dans les domaines en lien avec les champs de compétence de la CMM, qu’il s’agisse de l’aménagement du territoire, de l’environnement, du transport, de l’habitation, du développement économique, c’est très important. Pour ce volet, il y a notamment le réseau VRM, qui fait un très bon travail de diffusion d’événements et d’études et qui informe de ce qui se fait dans le réseau.

Comment vous imaginez les prochaines années dans votre secteur ?

 

Avec la concentration de plus en plus importante de la population et des activités dans les régions métropolitaines, regroupant souvent un grand nombre de municipalités, la planification métropolitaine est aujourd’hui essentielle à un développement urbain cohérent et durable. La reconnaissance de l’importance de la planification métropolitaine n’a peut-être pas toujours été instinctive, notamment chez les élus municipaux, mais aujourd’hui, on sent qu’elle est reconnue, tant par les élus que par les différents acteurs, qui on pu constater que certains enjeux demandent une planification et des interventions cohérentes qui dépassent les limites municipales. La CMM, c’est 82 municipalités qui présentent d’importants liens socioéconomiques et qui regroupent une population de 4,1 millions, soit près de la moitié de la population du Québec.  Partout dans le monde, on voit la mise sur pied ou la consolidation d’organismes voués à la planification à l’échelle métropolitaine. C’est très intéressant de voir cette évolution.

Donc je pense que la planification métropolitaine est un champ d’action qui a de belles années devant lui. En ce qui concerne les activités de monitoring du développement de la région, qui touche mon travail de tous les jours, elles garderont toute leur pertinence dans les prochaines années, puisqu’on a besoin de bien connaître notre territoire pour bien le planifier. La CMM est un organisme relativement jeune, et toutes ses activités de suivi et de monitoring sont appelées à gagner en importance, en même temps que nous développerons ou consoliderons nos outils de planification. Il demeurera toujours primordial d’avoir des experts pour analyser, mettre en contexte et faire des liens entre les différentes données et en faire ressortir les enjeux pour appuyer la planification et les interventions. Il y a beaucoup de travail à poursuivre dans les prochaines années et ça va être très stimulant !