Balado Cadre bâti (Épisode 26)

Faire maison dans l’espace public avec Antonin Margier

Novembre 2022

Ce podcast est un espace de réflexion et d’approfondissement sur différents sujets liés à la ville et aux phénomènes urbains. Sans se limiter à la culture matérielle, le titre – Cadre bâti – est une invitation à recadrer la réflexion sur l’urbain à toutes les échelles

Écouter l’épisode complet (91min25sec)

Présentation

Dans cet épisode, Emile et Guillaume reçoivent Antonin Margier, géographe, maître de conférences en géographie sociale à l’Université Rennes 2 et, surtout (!), ancien camarade de classe de Guillaume au doctorat en études urbaines. De passage à Montréal pour participer à un colloque sur l’itinérance et la ville, Antonin nous parle de sa trajectoire entre sa campagne natale et la grande ville, puis entre Montréal, Rennes, et finalement Portland où il mène un projet de recherche.

Passant des aspects biographiques à ses intérêts de recherche, Antonin suggère ici une définition de l’espace public qui se base non pas sur ses aspects légaux, mais sur les usages que nous en faisons, soulignant par le fait même la porosité entre les espaces dits « publics » ou « privés ». De fait, l’espace public dans les quartiers denses a souvent cette particularité de constituer une forme d’extension du chez-soi. Toutefois, cette appropriation est vécue de manière contrastée par différentes catégories de population, ce qui mène à des tensions, contestations et revendications. S’ouvre ainsi la question du droit à la ville pour les populations marginalisées, et en particulier pour les sans-abris.

Quelle cohabitation est possible entre populations riveraines et populations en situation d’itinérance ? Et plus largement, quelle place reste-t-il pour les personnes marginalisées dans la ville ? Ces questions d’ordre théorique sont discutées à l’aide de cas concrets étudiés par Antonin, soit celui d’espaces publics à Paris et à Montréal, comme le square Cabot, et plus récemment celui de Portland, Oregon, une ville qui a adopté récemment une approche novatrice pour s’attaquer à la crise du logement et à son important problème de sans-abrisme. S’éloignant d’une stratégie de répression, l’administration municipale portlandaise tente par plusieurs moyens d’intégrer la population itinérante au processus décisionnel et offre même, depuis peu, des mini-maisons comme solution palliative à la crise.

De la théorie à l’analyse de terrain, cette discussion nous initie à une manière de penser l’urbain à partir du sans-abrisme qui en révèle une image tout autre, un point de vue qu’on tend malheureusement à occulter dans la fabrique de la ville.