Profil pro

Rencontre avec Catherine Fournier, conseillère en planification stratégique à l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM)

Par Salomé Vallette

Profil Pro propose des entrevues réalisées avec un collaborateur ou une collaboratrice des milieux de pratique. Projet pensé par Camille Gélix, ancienne étudiante membre de VRM, l’objectif est de faire connaître les métiers en lien avec les études urbaines et de mettre en valeur des parcours académiques et professionnels variés.

Pouvez-vous nous parler de votre parcours scolaire et professionnel, quelles sont les étapes qui vous ont permis de travailler au sein de l’ARTM?

Je détiens un baccalauréat en urbanisme de l’Université du Québec à Montréal (UQAM). À la suite de ma première expérience professionnelle au sein du ministère des Transports du Québec, j’ai continué à travailler dans le domaine de la mobilité durable pendant quelques années, notamment chez MOBA/Mobilité Alternative.

En 2018, je me suis lancé un nouveau défi : celui de faire une maîtrise de recherche. Je me suis donc inscrite en études urbaines au Centre Urbanisation Culture et Société de l’Institut national de la recherche scientifique. Au moment de choisir mon sujet de recherche, je me suis lancé un autre défi (non mais, pourquoi pas?) : celui de réaliser une recherche dans un domaine que je connaissais peu. Par curiosité d’une part et pour élargir mes connaissances en urbanisme et élargir mon champ de compétences d’autre part. Au moment où j’ai choisi mon sujet de recherche, le Québec se remettait des inondations du printemps 2017, ce qui a influencé le choix de mon sujet de recherche. Mon mémoire, qui porte sur les pratiques et approches déployées pour la prévention des risques liés aux inondations au Québec, a été publié en 2022.

En parallèle à la rédaction de mon mémoire, en 2021, j’ai obtenu un nouvel emploi comme conseillère en planification stratégique à l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM). Essentiellement, je participe à planifier les services de transport collectif, soit les services usuels et les services de transport adapté, sur le territoire de la grande région de Montréal.

J’ai donc navigué pendant quelques années dans deux domaines en même temps, la mobilité durable et la gestion des risques. Les connaissances et l’expérience acquises dans un domaine m’ont aidée dans l’autre, et inversement!

Quels sont les aspects de votre travail que vous aimez le plus? Est-ce que vous rencontrez certaines limites?

Plusieurs aspects positifs me viennent en tête! D’abord, puisque je participe à la planification du développement du transport collectif, il y a la notion de travailler pour le public et de contribuer aux différents bienfaits associés au transport collectif comme l’environnement, l’équité et la santé publique. La majorité des employé.es sont également sensibles à ces enjeux.

J’aime aussi l’échelle pour laquelle je participe à planifier les services de transport collectif. En fait, le territoire de l’ARTM est légèrement plus grand que le territoire métropolitain. C’est un grand territoire, avec plusieurs dynamiques de mobilité et conséquemment des enjeux variés. Même si l’on planifie et développe la mobilité à l’échelle métropolitaine, il est crucial d’analyser les données à l’échelle des différents secteurs, réseaux, services et de tenir compte des contextes variés (par ex., calendrier scolaire, périodes de vacances, évolution de la population, disparités socioéconomiques, tissus urbains) pour mieux comprendre et déterminer les besoins.

D’ailleurs, les dynamiques de mobilité ont grandement changé depuis la pandémie, notamment en lien avec l’essor du télétravail. À partir de 2022, il a été possible de cristalliser quelques tendances, mais pendant la pandémie et surtout lors des différentes périodes de confinement, il était extrêmement difficile d’analyser la demande en temps réel en raison de l’évolution en continue des changements d’habitudes.

Mieux comprendre les besoins ne vise pas seulement à ajuster les services, mais également de proposer des produits tarifaires adaptés au télétravail, par exemple, ou encore de prévoir les campagnes d’information en conséquence et de développer de nouvelles fonctionnalités sur une application mobile.

L’ARTM est aussi un lieu d’emploi très dynamique, nous n’avons jamais le temps de nous ennuyer! Comme nous sommes environ 175 employé.es, nous arrivons facilement à bien nous connaître, et ce, malgré le télétravail!

J’apprécie la mixité des groupes d’âge et des spécialisations professionnelles au sein des équipes, car elles permettent d’aborder les problèmes sous plusieurs angles différents, ainsi que de maintenir la mémoire et tout le bagage historique du domaine du transport collectif.

Comment faites-vous pour demeurer au fait des actualités dans votre domaine?

Dans le cadre de mon poste, je consulte de nombreux documents de planification publiés par diverses agences de transport comme Metrolinx en Ontario, TransLink à Vancouver, Île-de-France Mobilités en Île-de-France. Cela me permet surtout de voir quels rôles jouent les diverses agences dans différentes villes et comment ces rôles tendent à évoluer, notamment en ce qui concerne le numérique et la mobilité active. Je m’inspire également des différentes façons dont les agences ou les villes abordent les enjeux qu’on retrouve dans la plupart des villes, comme la congestion routière ou la notoriété plus faible de l’autobus par rapport aux autres modes de transport.

De plus, je consulte les rapports de suivi produits après l’entrée en vigueur des documents de planification. Ils sont généralement réalisés par des comités internes ou une commission indépendante. Même si ces documents sont plus techniques, ils offrent un portrait de l’amélioration des services de mobilité, ce qui permet de mieux comprendre d’où l’on part et de concrétiser l’impact des actions mises en place au fil des années.

J’assiste à quelques colloques qui couvrent mes champs d’intérêt et à des présentations de recherches conduites dans des universités québécoises et canadiennes. Dernièrement, j’ai participé à l’Agora métropolitaine 2023 et aux Rendez-vous métropolitains du stationnement.

Comment imaginez-vous votre secteur dans les prochaines années?

Pour les prochaines années, je souhaite encore plus de synergie et plus de financement, c’est certain!

Je ne suis pas très difficile honnêtement (rires), j’imagine un réseau de transport en commun qui soit encore plus simple et facile à utiliser! Si je me mets à la place d’un nouvel usager ou encore d’un touriste, il me semble que ça devrait être encore plus fluide de planifier son déplacement, se rendre de façon sécuritaire à son mode de transport et payer son titre, sans trop rencontrer de contraintes! Il y a déjà beaucoup de chemin parcouru et nous voulons aller plus loin pour continuer d’harmoniser les services offerts sur le territoire de l’ARTM et, en plus, cela permettra d’optimiser la performance des services au bénéfice des usagers!

D’un côté plus personnel, j’ai hâte de retrouver le niveau d’engouement pour la mobilité durable qu’on vivait avant la pandémie, je trouvais que c’était beau à voir!