JEVrm2013Informations

23 mai 2013
INRS-UCS (385, rue Sherbrooke Est, Montréal)
Salle 2109

 

 

 

Présentation du colloque

En se penchant sur le cas de Montréal et de plusieurs autres villes du Québec et de l’Europe, cette journée d’étude cherche à susciter des échanges fructueux sur les contraintes et opportunités des échelles et territoires dans les débats publics urbains et métropolitains. L’objectif est aussi de croiser les divers contextes d’utilisation de ces termes en se demandant si ce n’est pas une richesse à exploiter pour les recherches sur le débat public urbain.

D’une part, on parle des échelles et territoires des débats publics urbains du point de vue du citoyen qui veut participer, et qui doit se positionner autrement qu’en simple riverain; mais dont certains craignent que le vécu soit trop éloigné des enjeux métropolitains pour y contribuer. Comment les citoyens définissent-ils leur engagement politique et leur citoyenneté face au territoire et aux différentes échelles de l’action publique? D’autre part, on en parle du point de vue des exercices de planification, qui devraient réussir à allier le local avec le régional, le métropolitain et le national. Mais comment ces échelles se croisent-elles dans l’univers de la planification urbaine et métropolitaine en débat? Un autre point de vue sur la question considère comment divers acteurs qui se mobilisent vont, par le conflit, faire ressortir la pertinence d’une échelle ou d’un territoire d’action ou d’identification. Dans les faits, cette question des échelles et des représentations territoriales fait appel à des choix politiques et peut poser des contraintes (autant que des ressources) à la participation, servant de cadre au débat. Dans le contexte urbain, il y a en jeu autant un univers de différenciation verticale, allant de l’échelle locale du quartier aux échelles supérieures, qu’un univers de différenciation horizontale touchant notamment les polarisations centre-périphéries.

L’objectif de cette journée d’étude est d’appréhender de front comment l’échelle et le territoire, en tant que construits sociaux et politiques, façonnent les débats publics urbains. En se concentrant sur ce point, cette journée vise à mettre en commun la réflexion en études urbaines autour de cet enjeu, avec une mise en perspective par des travaux de chercheurs français, grâce à la collaboration du GIS Démocratie et Participation. Suite à chaque présentation, la discussion entre chercheurs ainsi qu’avec le public sera privilégiée. L’objectif de la journée est aussi de contribuer à la diffusion de travaux de jeunes chercheurs ainsi que les échanges avec des chercheurs établis.

Programme préliminaire

9h00
Mot de bienvenue

9h15
Jean-Michel FOURNIAU, Directeur du Groupement d’Intérêt scientifique  » Participation, Décision, démocratie participative » à l’Institut des Sciences de l’Homme, Paris-Nord, France
Produire la “bonne échelle” de la participation : une garantie de sa portée ?

Caractériser son échelle est sans doute l’une des manières les plus classiques de formaliser la participation et ses effets : échelle de la participation d’Arnstein, échelles de l’action publique et de ses arènes, échelles territoriales des conflits d’usage, échelles par lesquelles on qualifie la démocratie, etc., sont autant de manières d’appréhender le débat public, les problèmes sur lesquels ils portent, les publics qui ont vocation à y participer, les décisions qui en résultent…

Que nous apprennent de la participation du public en démocratie les multiples usages de la notion d’échelle. Tous présupposent l’idée d’une « bonne échelle », celle du quartier, celle de la co-décision, celle de la proximité, celle de l’usage, etc. Cependant, « l’argumentation déployée quant à la “bonne échelle” participative tient plus à une “politique des échelles” qu’à de quelconques qualités ou limites de telles ou telles d’entre elles » (Catherine Neveu (2011), « Postface », dans Y. Sintomer et J. Talpin (dir.), La démocratie participative au-delà de la proximité, Rennes, Presses universitaires de Rennes, p. 178). Faire varier le territoire et sa taille pour analyser les politiques d’échelle conduit alors souvent à rester tributaire de la logique de subsidiarité qui structure de nombreuses politiques publiques (de l’international au local) recherchant, notamment par la mise en œuvre de la participation, la « bonne échelle » pour traiter un problème, et les caractéristiques des dispositifs les plus aptes à assurer la discussion à cette échelle. La participation est alors un enjeu de la production politique de la « bonne échelle » de gouvernance des problèmes publics.

S’il s’agit bien de saisir la mise en rapport entre objets ou politiques en discussion, niveau géographique et représentations du territoire, catégories de publics concernés, qualités et compétences requises, etc., cette communication propose de parcourir les divers usages de la notion d’échelle pour les confronter à la notion de portée de la participation.

Du point de vue des citoyens

10h00 – 10h40
Sandra BREUX, Professeure à l’INRS-UCS et Mathieu LABRIE, étudiant au doctorat en études urbaines
Les territoires politiques de référence des individus : analyse exploratoire

Plusieurs phénomènes ont contribué ces dernières années à modifier les repères territoriaux des individus. Parallèlement à cela, le territoire de la participation politique individuelle est de plus en plus difficile à saisir et certaines formes de participation politique sont en baisse. Dans ce contexte, notre réflexion vise à cerner le degré d’attachement que les individus détiennent vis-à-vis des territoires d’une part et à identifier d’autre part le sens et l’importance politiques que ces territoires détiennent à leurs yeux. À travers l’analyse de quelque 80 entretiens réalisés avec des Montréalais minimalement engagés sur la scène politique locale, nous montrerons quels sont les territoires politiques qui « font sens », tout en soulignant la façon dont la participation politique s’exprime et se justifie.

10h40 – 11h20 
Camille GARDESSE, post-doctorante, Laboratoire Techniques, Territoires et Société, Paris) et chercheuse associée Lab’Urba
L’enjeu de l’articulation des échelles des projets urbains au travers des interactions des habitants dans les processus participatifs

Cette communication s’appuiera sur plusieurs travaux empiriques entrepris ces dernières années sur des dispositifs participatifs dans le cadre de projets d’urbanisme de différentes natures. En effet, je m’appuierai à la fois sur ma thèse, qui concernait le projet de réaménagement du quartier des Halles de Paris (grand projet urbain à dimension métropolitaine réalisé avec une implication importante d’associations de riverains) et sur une recherche sur la participation habitante dans les projets d’écoquartiers à laquelle j’ai participé (recherche du programme CDE – Laboratoires Lab’Urba, LET).

Le point commun des différents projets que j’ai pu observer est l’imbrication de différentes échelles, tant en termes d’ambition urbanistique (locale / globale) qu’en termes de populations concernées (riveraines / métropolitaines). Ces opérations amènent ainsi à réfléchir à un enjeu important des modalités de participation citoyenne et de renouvellement des processus d’élaboration des projets urbains, celui de la capacité d’inclusion des dispositifs participatifs et de la reconnaissance des habitants d’un espace en tenant compte des différentes « échelles de rayonnement du projet », c’est-à-dire en s’intéressant non plus aux « territoires institutionnels » mais davantage aux « territoires vécus » (Jaton V. Linossier (2004), « Les récitants du projet urbain : territoires et temporalités », dans M. Zepf (dir.), Concerter, gouverner et concevoir les espaces publics urbains, Presses Polytechniques et universitaires romandes, Lausanne).

Du côté des maîtres d’ouvrage, on retrouve dans ces différents projets les mêmes difficultés voire résistances pour penser  et organiser l’inclusion, c’est-à-dire pour élargir les dispositifs participatifs en s’appuyant sur les échelles de rayonnement des projets au-delà des populations riveraines. En même temps, et c’est une forme de paradoxe, la mobilisation exclusive de populations riveraines est bien souvent critiquée comme l’expression de phénomènes NIMBY par ces mêmes maîtres d’ouvrage.

Du côté des habitants et particulièrement des associations, l’échelle d’intervention (locale, régionale, nationale) qui les amène à s’impliquer dans des processus de projets urbains est fréquemment corrélée à leur objet social (spécifique ou générique) : autrement dit, surtout dans le cas des projets d’écoquartiers, ce sont bien souvent des associations à vocation environnementale qui s’engagent dans des projets d’urbanisme en étant porteuses d’intérêts non strictement locaux. Parallèlement, force est de constater que l’ancrage local ou la défense d’intérêts riverains n’est pas antinomique chez les habitants d’une conception de leur implication en tant qu’acte citoyen. Pour Chantal Aspe et Marie Jacqué, la « localité » doit précisément être considérée comme « le lieu potentiel de la prise de conscience environnementale » et plus encore comme « un facteur déterminant de sa réalisation » (C. Aspe, M. Jacqué (2012), Environnement et société, Éditions de la MSH, Quae). Ainsi, comme le préconise notamment Jacques Lolive ( J. Lolive (2010), « Mobilisations environnementales » dans O. Coutard, J.-P. Levy (dir.), Écologies urbaines, Collection Villes), il semble pertinent d’étudier les mobilisations riveraines en dépassant l’appréhension NIMBY, car ces formes de mobilisation ne signifient pas l’exclusion de réflexion de la part d’habitants et d’associations à des échelles plus larges.

À ce sujet, précisément, les observations que j’ai pu mener sur les différents projets d’urbanisme m’ont amenée à repérer la possibilité d’une nouvelle forme de dialectique entre échelles locales et globales au travers des processus participatifs associés à des projets d’écoquartiers, davantage que dans le cas d’un grand projet de réaménagement tel que celui des Halles de Paris. La spécificité des projets d’écoquartiers résiderait dans le fait qu’ils placent en situation d’échanges des associations de quartier, très peu spécialisées sur les dimensions liées au développement durable, et d’autres associations au contraire tout à fait expertes de ces thématiques et développant une approche urbaine et environnementale à une plus grande échelle.

Ces interactions donnent lieu à des formes d’acculturation aux questions environnementales et durables de la part des associations locales. Il existe une capacité de montée en généralité des associations (corrélée aux formes de « montée en expertise » qui était déjà repérable dans l’opération des Halles). L’intervention d’associations porteuses d’enjeux environnementaux et durables permet une hybridation de ces derniers avec les enjeux de proximité portés par les associations plus proches des préoccupations des riverains. À l’inverse, la confrontation des associations généralistes avec les usages et attentes des riverains peut conduire à une plus forte « incarnation » des dimensions liées au développement durable. Ainsi, les processus participatifs permettent une articulation des réflexions d’échelle au travers d’une forme d’hybridation entre des savoirs et des intérêts pensés comme généraux et ceux plus ancrés dans des préoccupations locales. Au-delà, c’est bien tout le processus et le contenu même du projet d’écoquartier qui peuvent s’enrichir de ces interactions, car elles sont fondamentalement des moyens d’éviter les phénomènes NIMBY, mais aussi les positionnements généralistes éventuellement déconnectés des contextes locaux.

11h20 – 11h40
Pause

Du point de vue des planificateurs en interaction avec la société civile

11h40 – 12h20
Michel GARIÉPY, professeur à l’Institut d’urbanisme, Université de Montréal et Mario GAUTHIER, professeur à l’Université du Québec en Outaouais
La société civile et les planificateurs dans le jeu d’échelles du débat public : représentations territoriales issues de quelques dossiers soumis à audiences publiques à Montréal

Beaucoup de recherches entourant débat public et planification ont été ciblées sur les effets d’actions spécifiques, situées à un moment précis dans le temps, sur le lien entre les débats ou les opérations de participation publique, selon le dispositif mobilisé. Mais quel portrait se dégage quand sont mis en séquence une série de débats ayant pris place sur un même territoire, à propos d’actions relevant d’échelles diverses, et ayant mobilisé différents dispositifs ? Les représentations sont-elles en cohérence, sont-elles en convergence ? Et en cohérence ou convergence avec quoi? Que disent-elles de la nature du processus de planification qui y prend place?

Nos travaux antérieurs avaient déjà fait ressortir, à partir de quelques dossiers, certaines contradictions et incohérences, certains transferts d’une échelle à l’autre de préoccupations pour leur résolution ou la mise en œuvre, sans parler de certains angles morts, entre  d’un côté,  les représentations que formulent les services de planification à l’égard des territoires, puis les modifications de diverses natures apportées aux documents de planification; de l’autre , les attentes et réactions, de même que les représentations que formulent les intervenants de la société civile lors de ces audiences. Ces travaux procédaient déjà des  prémisses  d’une différenciation de l’action publique qui se matérialise dans le débat, pris au sens du processus de planification associé à des opérations de participation publique, et de la portée de la participation qu’elle révèle.

Notre recherche actuelle portant sur le concept de cohérence dans la participation publique cherche à systématiser ce questionnement autour d’une série de dossiers montréalais soumis à audiences publiques au fil des ans *. Quel est le lien entre les représentations des acteurs récurrents et l’échelle du débat? Comment s’imbriquent leurs représentations, référentiels et les échelles ? Quel est le lien entre les représentations que formulent les services de planification selon les échelles? Aussi, l’échelle a-t-elle un lien avec l’accommodement des requêtes formulées ? Y a-t-il un territoire de pertinence, ou  cette question est-elle  structurellement insoluble? Comment intervient la variable temps dans la mise en cohérence: l’adaptation impliquée dans la mise en œuvre du projet ou de l’action est-elle compatible avec les attentes de la consultation? Enfin, cette mise en cohérence (ou en incohérence) ne permet-elle pas de jeter un regard sur les dispositifs de débat public montréalais en rapport avec le modèle du BAPE, auquel les dispositifs montréalais affichent une nette « dépendance au sentier » ; par exemple, de  contraster certains constats effectués à partir des débats devant le BAPE entourant certains projets (par exemple,  l’importance accordée à la justification et la remontée aux enjeux génériques, aux programmes et politiques qu’ils permettaient),  et les débats en milieu municipal où le territoire des actions entraine une connexion sinon beaucoup plus forte, du moins plus immédiate entre les différents documents, projets, programmes. D’où le titre de « jeux d’échelles »

12h20 – 13h00
Nancy ÉMOND, étudiante au doctorat en sociologie à l’Université Laval
La gouvernance multiscalaire à l’épreuve du territoire ? Les enjeux du changement d’échelles de gestion à la lumière du secteur hydrique québécois

La question des échelles n’est certes pas nouvelle. Depuis toujours, les États et surtout les États fédérés ont créé des échelles à l’intérieur de leur territoire et ont eu à travailler avec d’autres juridictions. Ce qui est récent, c’est plutôt les processus de décloisonnement et d’articulation de ces échelles qui s’opèrent pour faire face aux nouveaux défis que posent entre autres la globalisation, les problèmes environnementaux et la remise en cause de l’autorité légitime des gouvernants. Plusieurs voient dans la gouvernance multiscalaire une panacée : celle-ci devant mener à davantage de démocratie et moins de hiérarchie. Toutefois, cette perspective occulte toute la notion des rapports de pouvoir et identitaires, ancrés territorialement et qui peuvent représenter un frein pour une mise en oeuvre effective de la gouvernance multiscalaire. En effet, la gouvernance multiscalaire représente à la fois un brouillage des frontières et des responsabilités et une opportunité de reconfigurer les rapports de pouvoir que ce soit en termes de réaffirmation ou de disqualification d’un contrôle déjà bien établi ou encore d’émergence de nouveaux acteurs qui constituent autant d’«associés-rivaux». L’objectif de cette communication vise donc à questionner la nature et la portée de la notion de gouvernance multiscalaire. Cette discussion s’appuiera empiriquement sur l’exemple de la gestion intégrée de l’eau que tente de mettre en place le Québec depuis 2002 et qui incarne une forme de gouverne multiscalaire. Les résultats montrent 1) que les frontières territoriales et administratives traditionnelles constituent de fortes résistances à tout changement d’échelles de gestion, et 2) que la volonté de participer est fonction de la pertinence «vécue» de l’échelle; c’est-à-dire du lieu «naturel» de regroupement.

13h00 – 14h10
Dîner sur place

14h10 – 14h50
Louis GUAY, Université Laval
La gouvernance territoriale face aux problèmes écologiques globaux : Expertise, organisation frontière et participation sociale.

Le but de cet exposé est d’explorer comment les organismes de gouvernance, traditionnels et nouveaux, sont confrontés aux problèmes écologiques globaux, notamment les changements climatiques et l’érosion de la biodiversité, et comment elles se les approprient pour mieux en tenir compte dans leurs décisions territoriales.  En s’appuyant sur les grandes villes et les organismes de bassin versant (OBV), la communication se demandera comment se développent des modes de gouvernance multi niveaux, ou en organisations frontières, comment les expertises se croisent pour mieux faire face à des problèmes complexes et souvent reliés, et comment se manifeste la participation sur ce type d’enjeux qui suppose la maîtrise de connaissances techniques. La communication se propose de poser des questions plutôt que de donner des réponses. Elle se demande comment des acteurs et les institutions, si différents les uns des autres, arrivent à coopérer sur des enjeux difficiles et épineux (wicked), résistant à des solutions simples et universelles, et comment des solutions (orientations, politiques, programmes, mesures, etc.) le plus souvent bricolées apparaissent. Enfin, loin de critiquer ce type les solutions imparfaites, l’exposé tentera, en s’inspirant de la théorie culturelle, de faire valoir la diversité nécessaire des décisions et des mesures, fondée sur la diversité et la complexité environnementales et sociales. Si la gouvernance est affaire d’orientations, elle est aussi affaire d’instruments et d’outils sur lesquels les acteurs sociaux se démarquent les uns des autres. La gouvernance environnementale est un domaine privilégié pour voir à l’œuvre à la fois des débats sur des problèmes difficiles, parfois quasi ingouvernables, et une recherche de solutions qui sont souvent loin d’être idéales.

Du point de vue de l’action collective

14h50 – 15h30
Pascale DUFOUR, Professeure en science politique, Université de Montréal
Les forums sociaux locaux comme moyen d’existence politique pour des populations marginalisées. Une portée à échelles variables

Les différentes éditions du Forum social des quartiers populaires (FSQP) en France et du Forum social Montréal-Nord au Québec partagent plusieurs caractéristiques. Ces expériences sont situées dans des quartiers défavorisés sur le plan socio-économique, rassemblant également une forte concentration de populations d’origine immigrante. De plus, dans les deux cas, les événements de forums sociaux locaux ont été créés dans un contexte de fortes tensions politiques qui ont fait suite à des émeutes urbaines d’intensité variable. La recherche effectuée, basée sur l’observation directe de 3 forums locaux, des entrevues et une recherche documentaire exhaustive de l’histoire militante liée à ces forums, montre que les forums locaux ont été un outil utilisé par les militants pour créer localement un espace de médiation politique, à côté des institutions formelles. La différence principale entre le cas québécois et le cas français porte sur l’échelle de l’action collective engagée (locale ou nationale) et est liée à la structuration spécifique des réseaux porteurs de ces initiatives. Dans le cas du FS Montréal-Nord, ce sont principalement des acteurs locaux, qui ont émergé à la suite d’une crise politique locale et qui se sont appropriés l’outil forum social pour en faire un espace « d’existence » politique immédiat à l’échelle du quartier et de la ville de Montréal. Dans le cas du FSPQ, ce sont des acteurs collectifs locaux, déjà existants et inscrits dans un champ militant national, répartis sur l’ensemble du territoire français, qui ont utilisé l’outil forum social aussi comme espace « d’existence » politique, mais à une échelle nationale et dans une perspective de plus long terme.

15h30 – 16h10
Sophie L. VAN NESTE, étudiante au doctorat à l’INRS-UCS, à partir de travaux faits avec Gilles SÉNÉCAL, Professeur à l’INRS-UCS et Laurence BHERER, Professeure en science politique, Université de Montréal 
Le casse-tête spatial de la mobilisation pour des alternatives à la voiture à Montréal

C’est souvent avec la notion de “re-scaling” et de saut d’échelle qu’est abordée la question de la mobilisation des citoyens et acteurs de la société civile dans l’espace métropolitain, comme si l’échelle métropolitaine était nécessairement supérieure à l’espace local; ce qui crée un hiatus avec les territoires vécus et les territoires stratégiques des activistes, surtout dans un contexte de gouvernance fragmentée. Pour les acteurs de la société civile, la question est plutôt de savoir par où et avec quelles ressources ils peuvent se mobiliser. Sur l’exemple de la mobilisation pour des alternatives à la voiture (marche, vélo et transport en commun), les stratégies suivantes ont été particulièrement identifiées dans les réseaux de coalitions et de projets collaboratifs à Montréal : une mobilisation fondée sur un mode de vie local, une redéfinition des infrastructures, une revendication des usagers pour de meilleurs services, ou un mouvement de coalition qui traverserait le territoire métropolitain (Van Neste et Bherer 2013). Deux de ces stratégies plus prédominantes à Montréal dans la dernière décennie ont reposé sur la mise en scène de nouvelles géographies de responsabilités quant à la mobilité dans l’espace métropolitain (Van Neste et Sénécal). Pour comprendre les défis et opportunités que rencontrent les acteurs de la société civile dans ces stratégies, d’autres notions de spatialité que celles de la politique scalaire doivent donc aussi être mobilisées. Ce faisant, nous tirons profit de la littérature sur la diversité des relations socio-spatiales ainsi que celle sur la justice environnementale pour saisir un peu mieux le casse-tête spatial que vivent les acteurs de la société civile.

16h10 – 16h30
Pause
Table ronde 
Action collective et la participation en contexte métropolitain 

16h30 – 18h00

Animation
Laurence BHERER, Professeure en science politique, Université de Montréal
Invités :Coralie DENY, directrice générale du Conseil régional de l’environnement de Montréal
Regroupement autour de messages communs et participation élargie, des incontournables pour construire une métropole durable 

Les enjeux environnementaux que doit relever la métropole sont multiples et complexes, de par la diversité des acteurs, des décideurs et de par les connexions entre eux. Ces enjeux touchent directement la qualité du milieu de vie qui est actuellement compromise à bien des égards, et cela pour l’ensemble de la population. Les solutions pour améliorer la situation sont très souvent connues, voire reconnues. Les pas à faire sont au niveau de la concrétisation sur le terrain. Pour ce faire, les principes et les règles d’aménagement du territoire doivent changer,  le financement nécessaire y être associé.  Pour qu’une majorité y adhère, information, éducation, partage d’expertise, concertation,  sont des concepts à appliquer absolument. D’où l’importance de former des alliances pour que des messages communs soient portés aux décideurs par le plus grand nombre.

Olivier ROY-BAILLARGEON, Doctorant à l’Institut d’urbanisme, Université de Montréal
Le débat public sur le PMAD : Entre « territorialisation idiosyncrasique » et « métropolitanisation »

Au terme de dix années de tentatives de planification infructueuses, la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) a adopté en avril 2011 son projet de plan métropolitain d’aménagement et de développement (PMAD). Il a été soumis à la consultation publique à l’automne et a entrainé le dépôt de 344 mémoires. Après avoir été très légèrement modifié, il a finalement été adopté en décembre 2011.

La CMM et ses partenaires habituels soutiennent que la consultation publique sur le PMAD a consacré l’apparition de l’échelon métropolitain dans la psyché collective grand-montréalaise. Le projet de plan a en effet été à la source d’une mobilisation sans précédent de la société civile de la région, qui plus est pour réagir à un document de planification portant sur des échelles spatiale et temporelle sur lesquelles elle avait rarement été amenée à se pencher auparavant.
Il apparaît toutefois hautement incertain, à l’observation de cette consultation et de ses suites, que cet échelon revête effectivement pour ses participants une portée concrète, car les seuls acteurs qui s’y sont référé sont ceux dont le territoire d’intervention est métropolitain (à l’exception notable des acteurs locaux qu’ils ont réussi à coaliser pour l’occasion). Ainsi, la participation de la majorité des acteurs a pris appui sur ce qui peut être qualifié de « territorialisation idiosyncrasique », soit la défense d’intérêts locaux et particuliers. Dans le cas des acteurs coalisés, toutefois, cette participation s’est inscrite dans une perspective qu’il convient de qualifier de « montée en généralités territoriales », c’est-à-dire sur une certaine « métropolinisation » des questions locales, notamment (et surtout) sur la question de la protection des milieux naturels.

Cette communication offrira donc une série de conclusions tirées de l’étude de ce processus quant au croisement des échelles de planification dans le cadre d’exercices de participation publique en aménagement et urbanisme.

Laurent DEVISME, Maître de conférences, École nationale supérieure d’architecture de Nantes
Élargir l’accord en cadrant le débat à l’échelle métropolitaine ?

En un peu plus de trente ans, le domaine de la démocratie locale a connu bien des changements de sens (dont les acteurs de la politique de la Ville en France peuvent témoigner par exemple). Si l’on peut retracer bien des conquêtes citoyennes dans les années 1970, le début des années 2000 témoigne d’une institutionnalisation qui amène à parler d’une « démocratie octroyée », d’une injonction à la participation à l’initiative des collectivités locales. Aujourd’hui, l’élargissement de l’assise territoriale de la gestion urbaine pose de nouvelles questions quant au concernement des différentes populations. À la lumière d’observations nantaises (relatives à des ateliers citoyens, au « dialogue citoyen » ou encore à un exercice de « prospective citoyenne »), cette question du changement d’échelle sera questionnée dans ses attendus comme dans ses modalités de mise en œuvre.

Pierre HAMEL, Professeur en sociologie, Université de Montréal
Revoir les enjeux de la participation à l’échelle des villes-régions

Malgré un retour en force à l’avant-scène du débat sur la démocratie au cours des deux dernières décennies, le thème de la participation des citoyens aux affaires urbaines aide peu à éclairer les choix collectifs en matière de planification, de développement et de design des villes contemporaines. S’il est vrai que ce thème a parfois donné lieu à des interprétations qui sont diamétralement opposées (Beaumont et Nicholls, 2008), ce n’est pas ce qui explique sa faible portée tant heuristique que morale. À l’échelle des grandes agglomérations urbaines voire des villes-régions, le principe d’une contribution équitable de tous à la définition du bien public, à sa défense ou à sa mise en œuvre – présent au cœur du paradigme participatif – ne suffit pas à promouvoir l’égalité vue sous l’angle de l’une des valeurs cardinales de la démocratie. C’est du moins ce que je constate en examinant d’une manière rétrospective la participation des citoyens dans le cas de la ville-région de Montréal au cours des 50 dernières années (Hamel, 2008). Sans prétendre que ce constat puisse être généralisable à l’ensemble des villes occidentales, je pense qu’on peut néanmoins s’y référer à titre indicatif pour soulever la question des enjeux d’une contribution démocratique des citoyens aux affaires urbaines en référence aux défis de la globalisation.

Mais qu’est-ce qui explique l’engouement pour le thème de la participation au sein des études urbaines? Qu’est-ce que cela nous apprend sur la démocratisation des villes et de l’urbain? Comment se fait-il que cette question a été très peu soulevée en référence à l’échelle des villes-régions qui constituent de plus en plus l’espace de référence pour penser l’urbain? Mon intention est de mieux situer ces questions dans leur contexte théorique et empirique.

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Cet événement est gratuit et ouvert à tous, SVP confirmez votre présence à Valérie Vincent (vincentv@ucs.inrs.ca)

Comité organisateur

Sous l’initiative de Sophie L. Van Neste, doctorante à l’Institut national de recherche scientifique- Centre UCS (INRS-UCS) et membre étudiante du groupe Métropolisation et Société (MÉSO), avec le soutien de Valérie Vincent, agente de coordination du réseau VRM, Gilles Sénécal, professeur-chercheur à l’INRS-UCS et directeur du groupe MÉSO et Claire Poitras, professeure-chercheur et directrice du Centre Urbanisation, Culture, Société de l’INRS.

Nous contacter

Sophie L. Van Neste (sophie_leblanc-vanneste@ucs.inrs.ca) 
Valérie Vincent (vincentv@ucs.inrs.ca)